Viticulture et terroir

Les couverts végétaux : une solution pour préserver les sols en climat chaud

Par Christian Ott , le 22 avril 2025 - 5 minutes de lecture
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Préserver la terre face aux défis du changement climatique est devenu un enjeu majeur pour nombre d’exploitants agricoles. Dans les régions les plus chaudes, la sécheresse met à rude épreuve les sols, tandis que l’agriculture intensive peine parfois à concilier productivité et respect de l’environnement. Et si la clé de cette résilience se trouvait dans une pratique aussi simple qu’efficace : les couverts végétaux ?

Des alliés précieux pour la santé des sols

Les couverts végétaux consistent à semer temporairement des plantes sur une parcelle agricole entre deux cultures principales, ou même en plein milieu d’un vignoble. L’effet de ce couvert sur le sol est multiple : il limite l’érosion, enrichit la terre en carbone, améliore la rétention d’eau et diminue la prolifération d’adventices. Ainsi, on observe une réduction sensible du labour intensif et une meilleure structure des sols, propice à une vie microbienne dense et dynamique.

Chaque hiver, de nombreux viticulteurs installent un couvert végétal sur l’ensemble du vignoble pour stocker l’azote de l’air dans le sol, protéger la biodiversité des espèces sauvages et enrayer le cycle de vie de maladies et adventices. Cette pratique ajoute une dimension véritablement durable au travail de la vigne.

Les avantages d’un couvert végétal face au climat chaud

Quand les températures grimpent et que la pluie se fait plus rare, il devient crucial de maintenir la fraîcheur et la fertilité du sol. Les plantes qui composent le couvert agissent comme un écran protecteur. Leur présence limite non seulement l’évaporation de l’eau, mais crée aussi un refuge pour la faune auxiliaire et les micro-organismes. Ce rempart face à la sécheresse n’est pas un luxe : c’est un atout inestimable pour l’agriculture moderne.

Un stock naturel de carbone

Avec les couverts végétaux, on parle de “pompe à carbone” : les racines captent le CO2 atmosphérique, lequel se retrouve piégé dans la terre. Au fil du temps, ce mécanisme améliore non seulement la structure des sols, mais contribue aussi à atténuer la pression climatique en stockant du carbone sur le long terme.

Des techniques culturales simplifiées (TCS) plus efficaces

Les techniques dites TCS (Techniques Culturales Simplifiées) reposent souvent sur une réduction du labour et un semis direct ou semi-direct. Les couverts végétaux s’intègrent parfaitement dans cette approche, car ils facilitent la mise en place des cultures suivantes : le sol étant déjà ameubli par les racines, le semis se fait en douceur, sans trop perturber la vie souterraine.

Mettre en place un couvert végétal réussi

Adopter un couvert végétal est une démarche simple, mais demande une observation attentive et quelques ajustements en fonction des contextes. Voici deux points clés à garder en tête :

  • Choisir les espèces adaptées : sélectionnez des plantes capables de s’épanouir dans votre climat. Certaines légumineuses, par exemple, fixent efficacement l’azote et renforcent la fertilité du sol.
  • Anticiper la gestion du couvert : la destruction (par roulage, broyage ou fauchage) doit être programmée en tenant compte du cycle des cultures et de la météo. Cela évite tout risque de concurrence avec la culture principale.

Des bénéfices mesurables et durables

En plus de limiter l’érosion et de protéger la biodiversité, les couverts végétaux représentent un enjeu économique fort. Moins de produits phytosanitaires contre les adventices, une moindre dépendance à l’eau d’irrigation et, à terme, un sol plus fertile : tout cela se traduit par des gains de temps et d’argent, avec un effet positif sur la rentabilité des exploitations.

Voici quelques-uns des bénéfices majeurs identifiés par les agriculteurs pratiquant les couverts végétaux :

  • Amélioration de la structure du sol : les racines créent un réseau de canaux, facilitant l’infiltration et le stockage de l’eau.
  • Réduction des intrants : moins de recours aux herbicides et aux engrais minéraux, grâce à la fixation d’azote par les légumineuses.

Cette double réduction en intrants et en labour favorise une culture plus économe et respectueuse de la terre. De nombreux professionnels témoignent d’une nouvelle harmonie retrouvée avec leurs parcelles, où la vie microbienne reprend ses droits et où les sols paraissent plus résilients face aux aléas climatiques.

Vers une renaissance agricole

Opter pour des couverts végétaux dans un contexte de climat chaud, c’est investir dans l’avenir de son exploitation. Cette démarche s’accorde merveilleusement bien avec les TCS et valorise l’équilibre entre la préservation de la terre et la productivité des cultures. En intégrant chaque hiver un couvert végétal sur l’ensemble du vignoble pour stocker l’azote de l’air dans le sol, tout en protégeant la biodiversité et en cassant les cycles de maladies, les agriculteurs s’inscrivent dans une dynamique durable et prometteuse.

Loin d’être un simple artifice, le couvert végétal prouve qu’il est possible de marier pragmatisme économique et conscience écologique. Et si, dans un monde en quête d’équilibre, cette approche devenait la nouvelle norme pour l’agriculture ? L’effet positif sur la préservation des sols, la valorisation du carbone et la lutte contre la sécheresse en fait un véritable levier de renouveau. Chaque semis, chaque technique expérimentée, chaque couvert bien géré dessine la perspective d’une agriculture plus audacieuse, plus respectueuse et plus confiante en son avenir.

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Christian Ott

Christian Ott est un vigneron français renommé, ancien directeur des Domaines Ott. Fort de 25 ans d'expérience, Christian offre aux vignerons un accompagnement personnalisé couvrant la création de vignobles, la réhabilitation de domaines, l'optimisation des caves et l'élaboration de vins de qualité.